• dialogue n°1 / extraits

     

    wilfrid lebon / rio palme

    lundi 3 octobre 2011 / atelier de rio palme

     

    un peintre (rio), un cuisinier (wil)

    et de la peinture …

     

    dialogue n°1 / extraits

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

             

    Comment faire le lien entre la peinture et la cuisine ?

     

     

     

    wil : Comment faire le lien entre la peinture et le produit ? Comment faire pour que la peinture indique un produit ?

     

    rio : Par la couleur, associée au mouvement, à l'énergie que tu lui donnes. La couleur contient quasiment de l'énergie. Par exemple du rouge qui dégouline, c'est du sang. On est sur le terrain du symbolisme.

     

    wil : Quand tu travailles, tu pars sur un seul tableau ou sur plusieurs en même temps ?

     

    rio : Je travaille sur plusieurs tableaux en même temps. Je dialogue avec le tableau qui me raconte son histoire. A partir d'une forme, une histoire apparait et le tableau me conduit quelque part. Je suis au service du tableau et pas l'inverse, au service de la matière. Je ne pars que sur des sensations, pas sur des idées. Après, j'ai des formes récurrentes, je ne sais pas pourquoi. Je travaille beaucoup par recouvrement, un tableau je peux le finir dans trois mois.

     

    wil : Ca se rapproche de la cuisine dans la dynamique. Par exemple, au Japon, en cuisine, on retire des éléments jusqu'à ce que ça convienne, alors qu'en France, c'est l'inverse, on en ajoute toujours. 

     

    rio : Le parti pris est de laisser parler la dégoulinure. Par exemple, là j'arrête, même s'il y a des choses qui ne me plaisent pas.

     

     

     

    wil : Encre de seiche, poivron, blanc d'oeuf, dit-il en montrant un tableau de Rio. 

     

    rio : Moi, je ne cherche pas trop à y voir quelque chose ...

     

     

     

    wil : A mon tour ! 

     

    Et il prend les pinceaux

     

    wil : Je vais partir sur du blanc … Je crois que je réfléchis trop ... 

     

    Il hésite a se lancer

     

    rio : L'avantage en peinture c'est que tu peux toujours recouvrir, c'est pas gênant.

     

     

    le "faux samblen de petits pwa"

     

     

    Ils attaquent un grand format à quatre mains.

     

    rio : On part sur une idée culinaire ou abstraite ?

     

    wil : Sur un produit. Qu'est-ce que tu aimes manger toi ?

     

    rio : J'aime manger tous les aliments, j'aime quand c'est précis.

     

    wil :  Partons sur le siphon et le petit pois, par exemple.

     

    rio : Allons dessiner un siphon !

     

    wil : Le siphon, c'est comme une boîte magique : une nouvelle matière apparaît, à partir du solide.

     

    rio : C'est comme mes boîtes de conserve, qui font dégouliner la couleur. Il y a l'idée de magie, elles se suffisent à elles-mêmes. On peut dessiner une scène avec plusieurs siphons et les produits qui coulent, comme ça on peut faire de l'abstrait ...

     

    wil dessine un siphon et explique comment il s'en sert.

     

    rio : on va mettre un blanc bien pêchu au niveau des ustensiles, ça va créer de la lumière.

     

    wil décrit le nuage de petits pois et rio le peint.

     

     

    Scénario culinaire

     

     

    wil : Tu connais le steak créole ? Je me suis amusé à le revisiter. A la base, c'est une pièce de boeuf en tranches, des oignons et du siave (sauce soja). Moi je fais une purée d'oignons, avec un kilo de beurre  et un kilo d'oignons, que je fais  compoter sans coloration, puis je mixe, ce qui donne une purée très fine. Le boeuf, avec un peu de gomasio, je le fais comme un rôti, mais sans les marques. Je mets des oignons verts grillés, avec la racine, posés dessus, et la sauce siave. C'est une recette créole avec une technique française.

     

    rio : Moi, ça me parle ta recette, c'est comme un scénario. Tu devrais peindre en même temps que tu racontes ta recette, comme ça tu gères les couleurs et les matières au fil de ton discours, de ton ressenti.

     

     

     

    wil : On s'attaque aux agrumes, ça s'accorde avec tout ce qui est poisson, une belle chair blanche coupée, tac tac, avec du combava, de l'huile d'olive, du citron …

     

    Il le dessine

     

    rio : C'est trop homogène, trop facile, il faut du mystère. Par exemple, faire une masse ici, comme un point d'appui pour entrer dans l'image, ou alors inverser les formes. Prendre les mêmes ingrédients, mais faire une dynamique dans l'assiette, pour ouvrir visuellement.

     

    wil : Quand je dresse mes assiettes, j'essaie que chaque plat sorte comme une photo, mais c'est impossible.

     

    rio : Oui, en plus, il y a le problème des volumes, et puis il faut un point d'appui, qui pose question. Là, ta composition, ça fait arlequin, Italie, printemps, mais c'est facile à comprendre, c'est terminé. Il faut relancer, pour créer un dialogue. Là, l'image est trop cohérente, trop symétrique, il y a trop d'unité. Le côté systématique en peinture, c'est le piège, pour moi, dans la composition.

     

    wil veut saupoudrer de combava, rio le fait en peinture.

     

    rio : On ne sait jamais comment arrêter un tableau. 

     

     

     

    A suivre ...

     

     

    dialogue n°1 / extraits

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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  • Commentaires

    1
    Don chacha
    Vendredi 14 Octobre 2011 à 16:47

    Bo travail ! Ca se lit, ça se mange, ça se contemple....une belle brochette d'artistes à déguster sans modération ! Oté Don Grozey merci byin!! Votre Don Chacha

    2
    diane szka
    Mardi 25 Octobre 2011 à 15:00

     j'ame beaucoup ce dialogue, parce qu'il renvoie au mystère, au manque, à cette chose en creux qui fait la profondeur d'une oeuvre d'art (culinaire ou pas ) En tant que psychanalyste, je pourrais le reprendre à mon compte et citer Lacan, pour qui le désir humain fonctionne nécessairement à partir d'un objet (l'objet a) inaccessible, manquant, objet de notre désir, qui nous fait tenir dans le goût de la vie. Comme en maths (Rio, suis mon regard...) on va mettre des petites lettres nommant les objets imaginaires qui font tenir l'ensemble de la réalité ...C'est bien goûteux !i

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